Oiseaux Chœur parlé pour 18 acteurs Acte II


Il y a longtemps que je souhaite donner une représentation scénique de
Oiseaux de Saint-John Perse et que je cherche quelle forme donner à cette représentation. Les tentatives que j’ai faites avec un ou deux acteurs, ne m’ont pas semblées apporter un éclairage très différent de ce que pourrait être l’approche silencieuse du lecteur.

C’est à l’issue d’un atelier de recherche avec une trentaine de comédiens que j’ai dirigés sur l’engagement de l’acteur dans le “dire” de la poésie, au sein de l’Atelier René Loyon, que l’idée de faire un travail choral avec ce texte m’est apparue comme une réponse aux questions que je me posais. Comment représenter le sacré, l’invisible, le silence, l’insaisissable, et ce rêve du vol d’Icare qui parcourt le texte sans jamais être dit ?

La multiplicité des voix et des interprétations m’a semblé répondre à la multitude de jaillissements d’images et de sensations que Saint-John Perse provoque avec ce texte.
Et curieusement, l’incarnation et la profération du texte par un grand nombre d’acteurs le rend plus accessible.


Préliminaires

L’idée de monter Oiseaux de Saint-John Perse avec de nombreux comédiens s’est imposée à moi de façon inattendue alors que je faisais un travail de recherche. J’avais proposé aux acteurs des Ateliers René Loyon de prendre, comme repère, l’engagement scénique des musiciens de pop music et de rock’n’roll, et de travailler les textes poétiques avec ce même engagement toutes sortes de poèmes, avec tous les auteurs qu’ils souhaitaient. L’objectif étant de prendre à bras le corps les fondamentaux avec cet engagement comme modèle : l’investissement du corps, la présence sur scène, et puis la sensibilité personnelle, en dialectique avec le sens du texte, la mémoire sensorielle, la réminiscence des odeurs, des bruits familiers, les sons, les sonorités, les images, les sensations, le public en résonance.

Le deuxième objectif étant, pour chaque acteur, d’avoir la capacité de trouver un « angle » singulier pour dire le texte, un angle en dialectique avec les choix du metteur en scène, de trouver un phrasé personnel, qui soit juste sans pour autant être académique, et de travailler pour que ce bagage émotionnel intime soit “convocable” à la demande lors de la représentation, par quel entraînement et par quel « lâché prise » ?…
C’est donc en faisant cette recherche “épurée”, sans autre but que de réinterroger ces fondamentaux, que l’idée d’appliquer ce travail à Oiseaux de Saint-John Perse, s’est imposée à moi.

Cette idée n’aurait pas pu venir sans le travail de recherche que nous avons fait à partir de l’engagement physique des artistes chanteurs et musiciens de rock et de pop sur scène. D’où l’importance capitale de cette recherche, une recherche sans obligation de production de spectacle. Cette possibilité de recherche, René Loyon l’offre en ouvrant chaque matin sa structure à une association de comédiens professionnels, qui peuvent s’entraîner, se rencontrer, dialoguer dans différents ateliers, entretenir leur art dans la régularité d’une pratique permanente, faire des investigations, sans être dans l’obligation immédiate d’un résultat chiffré, quantifié et sans la pression qui accompagne la création d’un spectacle. Les Ateliers René Loyon proposent des voix et des voies authentiques dans la création théâtrale.

Une fois posée la mise en oeuvre de cette recherche appliquée à Oiseaux, mon objectif a été de sortir du  laboratoire, avec  ce  même  groupe  d’acteurs, pour aller vers une confrontation  avec le public, et de poursuivre ce travail de recherche, en expérimentant cette rencontre indispensable du regard de “l’autre”, sans quoi il ne peut y avoir d’acte théâtral.


Enigmes

Quand j’avais envisagé de monter Oiseaux avec un ou deux comédiens, j’avais ressenti une sorte de manque scénique et j’avais momentanément mis entre parenthèse le projet.
Le nombre important d’acteurs qui étaient avec moi à l’atelier, la force du choeur qu’ils formaient, la multiplicité de leur voix, tout cela est arrivé comme une réponse dramaturgique aux questions que pose la représentation du texte. 

À partir de là, j’ai donc soumis au groupe, l’étude du texte même - dont la compréhension n’est immédiate que pour un petit nombre de lecteurs - cette étude étant prise comme nouvel objet de recherche.
Pour appréhender l’oeuvre et tâcher d’en mieux comprendre les énigmes, nous nous sommes réunis de façon hebdomadaire, pendant deux mois, et cette recherche collective s’est révélée riche, originale et surprenante voire « dérangeante » dans le bon sens du terme…
La compréhension du texte et de ses métaphores était particulière à chacun, chaque acteur ayant un ressenti très singulier et très personnel. Ces différentes approches sont devenues autant de références communes pour le groupe, avec la formation d’un langage collectif sur le texte.

L’idée de la forme du spectacle est aussi arrivée de façon inattendue.
Comme il est d’usage à l’atelier, Françoise Huguet, une des comédiennes qui composent le groupe de recherche - qui a une formation de danseuse - a proposé de diriger un échauffement physique, comme précédent à la réflexion dramaturgique. C’est en observant cet entraînement, et en remarquant la cohésion que le mouvement donnait au groupe, que m’est venue l’idée l’alterner chacun des treize chants du texte, par du mouvement. Le mouvement n’étant pas illustratif du poème mais en contrepoint, avec la fonction d’exprimer notre  ressenti, notre émotion, notre cohésion, face au poème de Saint -John Perse.

Comment exprimer avec/ et dans/ le corps, le rapport que nous avons aux forces de la nature, aux forces telluriques, à la peur existentielle, au ravissement esthétique, et plus gaiement aussi, à toutes nos tentatives d’imitation de l’oiseau, toutes nos tentatives de vol, d’envol, l’invention de l’avion “comme un oiseau sans aile”, tous nos rêves fantasmés d’oiseau, l’invention de l’ange...
Enfin le mouvement étant comme une représentation scénique de l’élan créateur, de l’inspiration artistique, cette flamme de l’inspiration qui sous-tend tout le poème.

Comme le souligne avec pertinence le critique américain Arthur Knodel :
« Pour Saint-John Perse, l’œuvre d’art est un sous-produit accidentel ; ce qui compte c’est l’élan créateur et non le résultat de cet élan. Mieux encore, l’élan créateur constitue le moyen de s’identifier avec le mouvement et d’opérer la réconciliation entre l’homme et son besoin profond de changement… »

Nos thèmes de travail physique dans notre rapport aux oiseaux :
Symbolique, mythique, métaphysique, comme chez Saint-John Perse,
Mais aussi concret dans notre histoire personnelle : l’oiseau trouvé que l’on ramasse, l’oiseau que l’on nourrit, l’oiseau que l’on observe,
Le regard sur la plume et la peau,
Un endroit fragile du corps, la chair à nue, la chair de l’autre, la peau est un tissu précieux,
Dévoilement et toucher,
La fragilité, la délicatesse, faire attention de ne pas violenter, préserver quelque chose de rare,
L’importance du moment où “je vais te toucher”,
Image de tendresse,
Fragilité, être à l'intérieur de cette zone fragile,
Ce qui se dérobe, ce qui se brise, utiliser ces brisures, ces tremblements,
L’éphémère, l’incertitude,
Appliquer à l’action scénique les métaphores du langage : “je te prends sous mon aile",
Notre part d’angoisse et d’incertitude face aux forces telluriques,
Les oiseaux ont-ils peur ? Que voient-ils ? Sentent-ils ?
Travail sur le souffle, le souffle qui se dérègle “je ne vais pas y arriver”,
Travail sur le regard panoramique, le regard est concentré “dehors - dedans”,
Concentration de chacun jusqu’à l’oubli du regard de l’autre.

Chaque acteur invente son propre rythme, son phrasé, l’endroit de sa “présence”, à l’intérieur du collectif.



Oiseaux de Saint-John Perse

Le texte de Saint-John Perse, le seul texte de commande qu’il ait accepté d’écrire parce qu’il admirait Braque, et l’homme et l’oeuvre, est un hommage à sa peinture mais aussi un hommage à l’inspiration artistique, que ce soit l’inspiration du peintre ou celle du poète.
L’oiseau, comme métaphore de l’inspiration.
Saint-John Perse traque sans cesse, en essayant de la saisir, le mystère de l’étincelle de l’inspiration artistique qui permet la mise en acte de la création elle-même.
L’oiseau comme intercesseur entre le monde de l’homme et l’au-delà, le seul animal capable de s’arracher à la pesanteur pour s’élever vers le monde supérieur : “ De tous les animaux qui n’ont cessé d’habiter l’homme comme une arche vivante, l’oiseau, à très longs cris, par son incitation au vol, fût seul à doter l’homme d’une audace nouvelle” (chant IX).

Tout le poème, écrit à la gloire des oiseaux, dans un foisonnement d’images, fait appel à la nature, à la science des naturalistes, mais aussi aux mythes. Il traduit, avec cette langue luxuriante d’une beauté très singulière, tout le rêve des hommes sur les oiseaux, une sorte de litanie de l’élan et de l’inspiration qui  permet l’acte artistique. 
Il y a du sacré
Il y a de la métaphysique
Il y a de la création
Il y a une quête de l’Eden, qui semble traverser tout le texte.
« La poésie est d’abord mode de vie et de vie intégrale. Le poète existait dans l’homme des cavernes, il existera dans l’homme des âges atomiques (…)  Par la grâce poétique, l’étincelle du divin vit à jamais dans le silex humain. Quand les mythologies s’effondrent, c’est dans la poésie que trouve refuge le divin…» dit encore Saint-John Perse dans son allocution au Nobel.

La question est donc de permettre aux acteurs d’être en état de représenter une seule voix, tout en étant de multiples de voix, de représenter un seul souffle, tout en étant tous les souffles, et d’incarner, tous, le poète, de l’incarner au moment où il cherche, au moment où il trouve.

Arthur Knodel - qui est l’auteur d’un livre sur Saint-John Perse - dit aussi :
« Tout païen et agnostique qu’il reste, Saint-John Perse manifeste dans sa vie, et dans la poésie, un élan qu’on peut qualifier de religieux au sens le plus large du terme – religieux dans le sens où il est obsédé par les forces qui nous entourent, nous pénètrent, nous contrôle et nous dépassent infiniment. La poésie est un moyen pour parvenir à cette fin et non une fin-en-soi. (…) Son rôle est d’explorer la nuit (…) elle est cette confrontation quasi religieuse avec les forces qui dépassent l’homme. »


Le collectif devient le premier rôle

C’est la force du groupe qui s’est imposée comme la meilleure métaphore scénique de la représentation des Oiseaux.
Il n’y a plus alors, sur le plateau, des acteurs qui ont un grand ou un petit rôle, mais un collectif qui s’exprime avec une force décuplée. C’est le groupe qui devient le premier rôle.
C’est un groupe solidaire, où il n’y pas de leader, mais des individualités toutes différentes et très fortes, qui forment un tout.
C’est l’expression d’une existence commune, en dépit des conflits particuliers.
Ce n’est pas l’expression d’une seule voix qui parlerait au nom des autres, mais une multitude, un pluriel de voix,  qui représentent chaque individu, tout un peuple … 


La traverse les arts 
La poésie, la chorégraphie du mouvement, le rythme, s’inspirer du “dire” des musiciens, la musique des langues étrangères comme lien avec l’étrangeté du texte, la musique de la bande son, exprimer le pictural. 


La poésie : notre premier travail, le “dire”, pour faire entendre l’émotion et l’intelligence du texte dans le maximum d’acceptions possibles. Les autres formes artistiques, qui interviennent sur le plateau, sont là pour ouvrir notre appréhension du poème, par d’autres accès sensibles, par d’autres canaux émotionnels.

Le mouvement chorégraphique intervient avant et après chacun des 13 chants parlés, comme représentation des émotions du texte par le corps.

Le rythme : en s’inspirant du “dire” des musiciens
Dans ce texte du poète irlandais Denis Devlin, qui fut le premier traducteur anglais d’Exil, on voit l’importance du rythme pour  Saint-John Perse :
« Ses exigences sur la pureté des vocables, tout comme l’importance attachée au rythme, faisait le charme de notre discussion : Perse, poète, convaincu de l’impossibilité de transposer l’œuvre dans son intégrité – ce qui est en effet impossible – réduisait souvent son traducteur au plus comique désespoir ; le traducteur, d’autre part, se voyait bien obligé d’insister quelquefois : le mot anglais de même radical latin que le mot français ne pouvait être amener à signifier la même chose (…) ne pouvaient se scander suivant le même rythme. Alors, quand le soir s’assombrissait et que la voix d’un nègre au-dehors soulignait un instant la couleur du rythme, on posait le dictionnaire latin sur le dictionnaire Mansion, le Petit Larousse par-dessus, et tout finissait pas un éclat de rire… » 

Au-delà du rythme propre des mots, il s’agit de construire une partition de pulsations qui soutiennent le « dire »  - comme on peut sentir la pulsation du pouls, comme on peut entendre un battement d’aile….- La prise de parole, sur cette scansion, doit être portée, balancée, comme une phrase musicale, à la façon des musiciens quand ils improvisent un texte sur un rythme.

La musique des langues étrangères
Il s’agit de faire un choeur parlé, avec le texte de Saint-John Perse traduit dans les langues maternelles de certains des acteurs : l’arabe, l’allemand, l’espagnol, l’anglais, le peul, l’italien, ce choeur de langues étrangères comme métaphore humaine du chant des oiseaux.

La bande son du spectacle
Composée avec des morceaux de différents auteurs de musiques nouvelles, René Aubry, Penguin Café Orchestra, David Linx, Hugues Le Bars, Ulan Bator, Vincent Ségal.
Elle accompagne les mouvements chorégraphiques, c’est un mouvement perpétuel et répétitif qui est le support de l’émotion et du rêve.

Exprimer le pictural
Exprimer la peinture, sans être dans le documentaire de la peinture de Braque, la peinture comme mouvement et non comme représentation illustrative.
Il s’agit de revenir à la pulsion physique et métaphysique du peintre, à la main qui dessine, ou au bras qui brosse une toile, à l’oeil qui perçoit l’image et projette une vision.
Point de vue graphique sur le plateau de la position des acteurs, comme la formation d’une image.
Interaction entre peinture et poésie et interpénétration.

L’image et l’affiche
Quand il a été question de concevoir l’affiche du spectacle, j’ai préféré ne pas prendre une peinture de Braque, pour suivre Saint-John Perse, qui n’écrit pas sur le peintre dans une démarche de documentaire, mais dans un élan qui ouvre sur toute création artistique. J’ai pensé aussi qu’il serait réducteur de choisir un seul tableau et qu’il valait mieux laisser chacun libre de choisir « son » tableau ce Braque. J’ai demandé à Brigitte Dujardin – qui m’a fait connaître ce poème – de peindre l’image que lui évoquait ce texte, avec pour seule consigne ce que Braque dit lui-même : “Il n’est dans l’art qu’une chose qui compte, celle qu’on ne peux expliquer”.
Elle était sur le point de partir en voyage, et elle m’a répondu ces quelques mots : « Mars 2011. Tremblement de terre, Tsunami… Tout indique que je dois renoncer à ce voyage au Japon. Je suis partie à la dérive sur la côte d’Opale, dans le gris bleu des vagues qui se retirent loin, si loin et laissent paraître les épaves, les épaves d’un non-voyage. J’embarque à la dérive… Créer l’image ! Comme un cri de guerre ou de révolte. Oiseaux de Saint-John Perse, poème maintes et maintes fois lu dans l’intimité. Ma première réaction fut de dire peindre, mais pas d’oiseaux, c’était faire fi de la force du poème, ils sont revenus, ils sont tous là, différents, singuliers en mouvement, en voyage… mais bien présents… dans mon âme. Oiseaux

, ce poème qui me hante et me dérange… »


Prendre comme arme la poésie, la rendre première, résistante et rebelle

Porter Oiseaux sur la scène n’est pas de l’ordre de la culture dominante du divertissement pour le divertissement, ni de la logique de l’évènementiel, encore moins de l’esthétique commerciale issue de la galerie marchande – cet espace qui vend une esthétique propre, avec ses codes, agissant comme  un  véritable  mouvement, qui envahit tout l’espace public, qui contamine l’esthétique télévisuelle et colonise les esprits – un espace de représentation mentale où la notion de poésie n’a plus de sens.

Monter Oiseaux, c’est entrer en résistance contre une esthétique marchande...
« La poésie est une fureur qui se contient juste le temps qu’il faut, pendant que se bande l’arc, là, au milieu de la flèche. Elle doit respirer, elle s’étire d’aise et puis s’en va, vers sa destination.

« J’avais la phrase dans les mains, comme une grenade avant l’éclatement. Eh bien, je lancerai des mots, dans la foule, au hasard, et les livres ne seront plus de mise. On lancera la poésie, avec les mains, avec des caractères gutturaux – du romain de glotte : des cris jetés comme des paquets parleurs à la face de la commodité et du confort plastifié…” Léo Ferré.


Communiquer, diffuser, dire  Saint John Perse

Saint-John Perse est considéré comme l’un des plus grands poètes français, si ce n’est le plus grand, et on peut s’interroger sur le fait que son nom soit si célèbre, alors que ses textes ne soient pas plus connus. Peu de gens le citent dans la conversation quotidienne. Peut-être parce que lui-même était plus intéressé par la poésie comme mode d’existence, “pour mieux vivre”, que par le fait d’être édité. Peut-être surtout à cause de l’hermétisme de ses textes, qui demande un effort à la plupart des lecteurs.

C’est une question à quoi il semble répondre lui-même dans son allocution au Nobel :  “L’obscurité qu’on reproche (à la poésie) ne tient pas à sa nature propre, qui est d’éclairer, mais la nuit même qu’elle explore, et qu’elle se doit d’explorer : celui de l’âme elle-même et du mystère où baigne l’être humain.”

Même la présentation faite par Anders Osterling, à la cérémonie inaugurale devant  la cour de Stockholm, rend compte de cet effort que demande la lecture de ses textes : “ On ne peut qu’admirer l’intégrité de son attitude poétique, l’insistance altière avec laquelle il persévère dans le mode d’expression qui seul lui permet de réaliser ses intentions… L’inépuisable luxuriance du style imagé de ses rhapsodies a ses exigences intellectuelles, ce qui, évidemment, peut fatiguer le lecteur auquel le poète demande un tel effort de concentration. Il emprunte ses métaphores à toutes les disciplines, à toutes les époques, à toutes les mythologies, à tous les climats…”

Nous souhaitons, par cette approche sensible que nous faisons du texte, cette approche à plusieurs voix qui rend Oiseaux plus palpable, plus populaire, participer à une découverte ou à une relecture de cette oeuvre peu connue de Saint-John Perse, et nous souhaitons aussi faire partager notre admiration au public.

Mieux faire connaître Saint-John Perse est d’ailleurs une des mission de la Fondation Saint-John Perse, qui a été créée après sa mort en 1975, et qui se trouve à Aix-en-Provence.
www.fondationsaintjohnperse.fr

 
Un travail évolutif, un geste artistique en évolution permanente

Je souhaite que ce travail se poursuive dans un esprit de recherche, et qu’il ne soit pas fixé dans une forme définitive. Pour que le geste artistique que nous avons entrepris continue d’évoluer, j’envisage que ce travail fasse à l’avenir, comme cela vient de se produire, le va et vient entre le laboratoire et des sorties à l’extérieur, avec des présentations publiques qui rendent compte de l’état de cette recherche.
Le texte de Saint-John Perse est si complexe et si riche qu’on ne saurait s’arrêter à une seule interprétation, et on peut poursuivre à long terme l’investigation de tous ses possibles.
J’envisage que ces sorties du laboratoire se traduisent par des actes, comme les actes d’une pièce de théâtre, avec des performances présentées au public, construites avec les mêmes acteurs, sur les bases de la performance précédente, mais qui soit toujours différentes.
L’acte I a été donné comme une première approche, à Rosny-sous-Bois, avec le soutien de la Compagnie Italique, en résidence à l’espace Georges Simenon.
L’acte II  aura lieu à la Cartoucherie, dans la Salle en Pierre, au théâtre de l’Epée de Bois.
Et j’espère que d’autres actes suivront.
J’envisage une forme de travail à géométrie variable, qui ne propose pas une production finie, mais qui soit évolutive et en transformation permanente, qui présente à chaque fois au public une performance unique, que le public sache qu’il assiste à une expérience qui ne se reproduira jamais, et donc qu’il participe, par sa présence et son regard, à l’inauguration d’un acte artistique inédit et en mouvement.

Comme le dit encore Saint-John Perse, dans son allocution au Nobel le 10 décembre 1960 :
 “La poésie… se refusant à dissocier l’art de la vie, ni de l’amour la connaissance, est action, elle est passion, elle est puissance, et novation toujours qui déplace les bornes. L’amour est son foyer, l’insoumission sa loi, et son lieu est partout, dans l’anticipation…”

Laurence Février 17 juillet 2011